lundi 28 novembre 2016

Oppidum d'Entremont Aix en Provence


Tout le monde connait Aix en Provence, ses ruelles, son marché, son ambiance provençale si particulière, mais savez vous qu'a seulement trois kilomètres du centre ville se trouve un site archéologique majeur de presque quatre hectares ?




Bien que le site fut connu depuis le XIXe siècle, avec un pillage des pierres durant quelques décennies, ce n'est qu'en 1943 que de véritables fouilles furent entreprises. L'oppidum d'Entremont est composé de deux étagements historiques, la ville haute et la ville basse, l'oppidum ayant été agrandi.



Les vestiges des maisons nous montrent une ville dense aux habitations serrées.



"Entremont se présente comme typique des bourgades celto-ligures de son temps. Peuplée de Salyens (Salluvii) de l'arrière-pays marseillais, elle a été considérée dès le xixe siècle comme une polis antique, constituée d'une agglomération et de son territoire. L'historien Léopold-Albert Constans considère Entremont « à la fois [comme] une ligue militaire et une confédération économique». L'oppidum est associé à un emporium, port économique où affluent les marchandises. En cette circonstance, les Salyens possèdent avec Entremont l'oppidum dont ils ont besoin pour assurer leur sécurité militaire. Arles est cet emporium qui assure la richesse de la confédération. Cette association assure la prospérité de la nation salyenne et assoit son pouvoir sur la Basse-Provence. On estime que la population d'Entremont se situe alors entre 2 000 et 5 000 habitants.

Diodore de Sicile évoque, avec l'arrivée de Caius Sextius Calvinus dans le pays d'Aix en 123 av. J.-C., une concentration de troupes à Entremont. Pour être précis, il ne parle pas à proprement parler d'Entremont. Il parle seulement d'un « oppidum » (τὴν πὁλιν). Tout porte à croire en tout cas qu'il s'agit bien d'Entremont. Cette concentration de troupes se déroule au moment où Sextius Calvinus se trouve chez les Voconces. Le but de cet attroupement est d'empêcher le passage de l'armée romaine dans la plaine d'Aix. On peut même supposer que la confrontation va jusqu'à une véritable bataille rangée entre les deux armées. L'historien Velleius Paterculus semble évoquer cette bataille lorsqu'il écrit : « Cassio autem Longinem et Sexto Calvino, qui Sallues apud Aquas, quae ab eo Sextiae appellantur, devicit. » Dès lors, il apparaît évident que Sextius doit achever son travail et s'attaquer à Entremont. Au moment de la prise de la ville, en 123, le roi (ou basileus) Teutomalios (ou Toutomotulus) fuit chez ses alliés allobroges en compagnie des princes (dunastai) salyens d'Entremont. Il n'est pas invraisemblable que Sextius ait toutefois mis des années à rétablir la paix dans la plaine d'Aix. En effet, selon Tite-Live, la victoire définitive de Sextius survient durant son proconsulat, pas durant son consulat. Or, il est consul en 123. D'ailleurs, des auteurs comme Ammien Marcellin et Strabon évoquent les affrontements et les rixes régulières entre Romains et Salyens. On peut en déduire que le possible départ de Teutomalios chez les Allobroges se situe plutôt dans cette période de troubles que lors de la première attaque de l'oppidum.

Plusieurs chercheurs ont toutefois émis des doutes sur cette hypothèse, considérant que le véritable abandon de la ville provient d'une destruction militaire survenue vers 110 à 90 av. J.-C.2. Une faible population continue d'habiter le bourg pendant vingt à trente ans, dans l'ombre d'Aquae Sextiae, même si Entremont n'est plus qu'une « ville pérégrine étroitement contrôlée par un praesidium romain. »"



Les vestiges des structures hydrauliques sont encore bien présent.



Un four attend que l'on active le foyer.


Activité importante déjà à  l'époque, la culture de l'olive, avec ici la pierre d'un moulin à huile.


"De nombreuses traces de pressoir, de type à arbre et poids, ont été observées. La fabrication d'huile semble caractériser la ville dans cette partie de son histoire. L'îlot 3 est d'ailleurs le plus représentatif de cette industrie. 3 000 litres d'huile pouvaient y être entreposés. Dans la salle 8 de l'îlot 11 a été trouvé un contrepoids de pressoir à huile, décrit par Christian Goudineau en 1984."


Le site ne semble pas très fréquenté, peu de visiteurs lorsque nous l'avons parcouru.




Un panneau avec des représentations des habitations romaines nous permet de décoder les vestiges qui s'étendent à nos pieds.




Au sommet de la ville haute, nous nous retrouvons à la bordure du plateau d'Entremont face à la montagne Sainte Victoire, avec Aix en Provence qui s'étale à nos pieds.

"Le plateau d'Entremont présente une forme triangulaire et est en pente douce vers le nord. Son altitude maximale se situe à 367 mètres au-dessus du niveau de la mer. La face sud est constituée de falaises donnant sur la vallée de l'Arc. Seule la partie nord présente une faiblesse stratégique et a donc dû être renforcée par un complexe de remparts. Le plateau se dresse au-dessus de l'antique voie hérakléenne qui traversait la Provence d'est en ouest le long de la vallée de l'Arc."


Le site est immense, les remparts en font le tour, quelques cabanons agricoles sont encore là au milieu des amandiers.




L'oppidum d'Entremont est peu connu, il mérite toutefois que l'on s'y intéresse lors d'une visite d'Aix-en-Provence, sa situation particulière offre un moment de répit et de calme en pleine nature à deux pas de cette ville agitée.





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